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COUPLE LAVEISSIERE

9h30 Praça do Commercio. Lisbonne. Nous sommes le 23 avril 2023 et c’est un jour spécial. Le jour du départ de la 3ème édition de JeCoursPourLaCulture. Ce festival itinérant qui fédère tant de personnalités inspirantes.

Vingt-trois avril deux mille vingt-trois. Un si joli chiffre qui représente à la fois le couple (composé de deux êtres), et le trois de ce que ce couple fait naître. Et justement, un couple, nous en avons rencontré un : Catherine et François Laveissière. Des amoureux de la musique, « mais sans être musicien pour autant ! » nous confient timidement les deux époux. Ils sont venus encourager Gauthier autour de ce projet qui leur tient tant à coeur : faire rayonner la musique classique dans toutes les sphères sociales.

La musique Pour Tous et Partout

C’est un constat qui peut surprendre. On appelle la musique : le langage universel. Ce phénomène incroyable de succession de notes murmure à chaque oreille une émotion. D’ailleurs, Catherine n’hésite pas à le dire… La musique a une relation unique à la beauté et à l’intériorité ; au domaine de l’intime et de la sensibilité ; elle renvoie à la beauté intérieure de chaque être.

Pour les époux Laveissière, il faut donc à tout prix multiplier les occasions d’aller aux concerts de musique classique ! Et quoi de mieux que JeCoursPourLaCulture, ce festival itinérant truffé de concerts, pour promouvoir cet art ?

Selon Catherine et François, il y a une dimension unique quand on écoute un concert de spectacle vivant. Les vibrations des instruments et de l’environnement rendent quelque chose d’extrêmement fort et puissant. Il y a aussi cet aspect de plénitude qui plaît à François : «  Moi ce que j’aime le plus, c’est écouter de la musique sans rien faire d’autre.. Parce que lorsque l’on écoute de la musique en faisant quelque chose à côté, on n’en profite pas suffisamment. » Alors essayez, rien qu’une fois. Positionnez-vous bien confortablement dans un fauteuil moelleux, laissez la pièce s’emplir de musique, fermez les yeux. Inspirez les premières notes. Expirez le dernier silence… Profitez d’une beauté à l’état pur.

L’itinérance

Si l’on devait retenir une ligne directrice de la vie de Catherine et François, ce serait probablement la quête de la richesse d’âme. Une richesse qu’ils ont acquise grâce à un ingénieux mélange d’itinérance, de curiosité et d’ouverture sur l’Autre. « Il faut être humble et toujours se considérer comme un invité, on n’est pas chez soi partout…» souffle François. Une parole qui résonne à nos oreilles comme un véritable écho au lien social, si spécial dans l’aventure JeCoursPourLaCulture. Les souvenirs remontent. Tous les visages qui nous ont si généreusement accueillis tout au long des éditions JCPLC précédentes reviennent à nos mémoires… À cette dame qui nous a fait découvrir toute la gastronomie de sa région en un repas, à cette autre qui nous a fait visiter chaque pièce de sa maison rénovée de ses mains, à ces villages entiers qui nous ont accueillis les uns après les autres…

« À partir du moment où l’on a cette attitude, cela nous ouvre des portes vers un tas de gens qui sont sensibles au fait que l’on respecte leur façon de vivre et leurs traditions » poursuit François. Malgré lui, il nous replonge dans la rencontre avec cette dame en Bourgogne rencontrée au hasard d’un ravitaillement qui travaillait avec le grand-père Herrmann ; ou bien ce restaurateur qui nous a invité à sa table pour nous remercier de porter un message positif au monde… « Mais c’est pareil en France ! » ajoute Catherine. Elle poursuit « l’air de rien, on a beau habiter le même pays, si l’on va au devant de personnes qui ne nous ressemblent pas, on acquiert tellement de richesse… ». Cette générosité qui étincelle dans les yeux de ce couple, cette sagesse qui transpire des paroles de ces deux êtres si alignés sur leurs valeurs nous donne une belle direction à suivre. Un peu comme le meneur d’allure dans une course d’endurance finalement !

Leur mot à Gauthier

Cet échange a été pour nous une véritable source d’inspiration. Une parenthèse bienveillante dans cette épopée itinérante pour la culture. Ce qu’ils souhaitent à JCPLC ? Une longue vie, un esprit fédérateur et un partage grandissant !

Gauthier Herrmann

CEDRIC MONCHAUD

2ème jour de course. 2ème portrait. Et c’est un jeune homme à deux prénoms que nous rencontrons aujourd’hui ! Cédric Monchaud, Joe pour les intimes. Kiné de formation mais surtout coureur des 260 km de la 3ème édition de Je Cours Pour La Culture. Il nous livre avec beaucoup d’humour sa vision de JCPLC et son rapport au corps dans l’effort.

C’est un Joe heureux que nous trouvons au départ de Rio de Maior. Heureux de participer enfin à l’intégralité de l’aventure. Car Joe était déjà là pour la 1ère édition de JCPLC en 2021, en plein confinement. “Mais c’était compliqué de pouvoir s’organiser à cette époque pour faire plus que la moitié de la première étape…” nous confie-t-il avec une pointe de tristesse. “alors la seconde année, j’ai pas laissé passer l’occasion ! Ma compagne et moi avons prévu le coup en se libérant toute une semaine. Mais je voulais accompagner Gauthier dans la globalité de son parcours. Alors voilà, me voici pour la 3ème année, prêt à relever le défi !”

En voyant les années passer, Joe est catégorique : “Plus les années passent, moins il y a de stress. C’est assez dingue ! Hier on se disait on part pour 45 bornes, et tout le monde était heureux.” Un mot qui pourrait sonner étonnant à nos oreilles lorsqu’on pense que ces sportifs de haut vol auront fait 90 km en deux jours… Mais il poursuit “Je sais c’est incompréhensible… et je ne pourrais pas expliquer pourquoi on aime cette sensation de souffrance.” Lorsque l’on poursuit l’entretien, Joe analyse cette recherche de la douleur consciente. Une douleur que ces ultra trailers s’infligent volontairement, et qui amène une décharge hormonale surpuissante. Un défouloir en quelque sorte. “Certaines personnes ne pourront jamais aller au-delà de leur résistance physique, mais pour d’autres, c’est une raison de vivre. Pour ceux-là, ça fait du bien d’aller plus loin que ce qu’ils sont capables de faire”.

Objectif de la journée : 42km. Un pari qu’il relève avec un grand sourire. “J’ai hâte d’y être !” s’exclame-t-il sur la route qui mène au départ. Un enthousiasme qui peut-être difficile à comprendre lorsque l’on ne connaît pas l’univers de l’ultra trail. “On peut dire qu’on est des drogués à l’endorphine, la drogue du coureur”. Cette molécule sécrétée par le cerveau qui récompense l’effort, et qui rend euphorique comme un acarien au salon de la moquette. Cette même molécule qui fait que les coureur peuvent s’insulter violemment, puis la seconde d’après se sauter dans les bras en s’embrassant fraternellement.

“Mais encore une fois, c’est difficile d’exprimer ce sentiment qui nous lie à la course de longue distance… quelque part, d’aimer souffrir” avoue Joe. Et nous le voyons particulièrement pendant l’ultra trail de JCPLC. Un marathon par jour, c’est un effort surhumain qu’il faut que le corps fournisse, pour tenir la distance, mais aussi et surtout pour repartir le lendemain matin. Joe relance “Il ne faut pas oublier que tous les coureurs de JCPLC mettent leur corps en réel danger.” Leurs muscles, leurs articulations, parfois même leurs organes internes sont impactés par ces marathons quotidiens. “On détruit tout ! Donc il faut absolument tout faire pour régénérer le corps au maximum. Cela passe par l’hydratation bien-sûr mais aussi par l’alimentation et les massages pour les muscles”

Et le schéma est tous les ans le même : le premier jour, l’euphorie de l’aventure est là ; le deuxième jour, la peur s’invite à la fête. Qui va finir la journée ? Va-t-il y avoir des blessures ? Vais-je avoir mal ? Est-ce que je me suis bien hydraté ? Est-ce que j’ai mangé ce qu’il fallait pour tenir la distance ? Est-ce que mon sommeil a été réparateur ? Toutes ces questions tournent dans la tête de nos coureurs. Et elles peuvent parfois atteindre le moral.

Mais pour Joe, il n’est pas nécessaire d’avaler tous les kilomètres de course de JCPLC pour faire partie de l’aventure JCPLC. “Ce qui est intéressant pour ceux qui ne sont pas forcément attirés par cet effort physique, c’est la diversité énorme de ce que l’on peut rencontrer sur nos trajets : les paysages, les rencontres humaines, les bâtiments abandonnés…” Et c’est là toute la force de cette course. Il s’agit d’une aventure humaine avant d’être une aventure sportive. “Faire JCPLC tout seul aurait beaucoup moins d’intérêt humain… JCPLC en groupe – c’est à dire les coureurs, la prod, les accompagnateurs – c’est tout ça qui crée cette espèce d’osmose et de bonne humeur !” s’exclame Joe.

“Au final, dans JeCoursPourLaCulture, la performance chronométrée importe peu. On a mis 6h30 hier pour faire 45 km. C’est un effort hyper violent, beaucoup plus qu’un marathon je pense” ajoute Joe, habitué à ce format de course. “Dans JCPLC, avec les marathons quotidiens, on dépense beaucoup plus de calories que dans une course normale, nos corps sont encore en train de réparer les muscles qui ont bien morflé la veille…alors que nous, on continue à l’abîmer encore une fois…”

Le Mot pour Gauthier

Joe (alias Cédric Monchaud) nous explique que finalement, JeCoursPourLaCulture, c’est un moment d’apprentissage de l’autre que l’on ne retrouve dans aucun autre sport. Ce lien social via le dépassement de soi, si cher aux valeurs portées par l’aventure JeCoursPourLaCulture. Il conclue avec fierté “Tant que Gauthier fera JCPLC, je le suivrai.”

CRISTINA CAVALEIRO

JeCoursPourLaCulture au Portugal, une édition que personne n’avait vue venir ! Méconnaissance du terrain de trail, barrière de la langue, culture différente… Une multitude d’obstacles qui se sont finalement transformés en opportunités. L’itinérance à son apogée, sans possibilité de retour en arrière. Un lien social à créer entièrement avec les populations locales. Un parcours sportif sur une topographie totalement inconnue. Bref : il n’en fallait pas plus pour convaincre les coureurs de JCPLC de retenter l’aventure.

L’équipe a donc dû s’entourer d’une personne capable de rapprocher les valeurs de JCPLC et du pays où l’on se rendait. Une portugaise de Bragance, Cristina Cavaleiro. “Quand j’ai intégré l’aventure, c’était pour traduire le portugais-français entre Gauthier et les décideurs locaux”. Cette traductrice de formation rappelle qu’il ne suffit pas de maîtriser le vocabulaire pour traduire une langue. Il faut en connaître la culture, s’immerger dedans pour pouvoir comprendre les usages et les coutumes.

“Ça a été assez difficile de faire comprendre ce qu’était JeCoursPourLaCulture aux portugais.” se souvient Cristina. “Ils ne comprenaient rien de ce que je leur disais” ajoute-t-elle en riant “ils me disaient : C’est quoi ? C’est des musiciens ? Des musiciens qui courent ? Non mais donc ce sont des coureurs ! En fait ça ne rentrait pas dans leurs cases, donc automatiquement ils nous ont pris pour des fous.” Au fur et à mesure des discussions, Cristina s’immerge dans la promotion de JCPLC dans son pays et les décrit avec tendresse “C’est une bande de joyeux lurons qui vivent. Qui vivent leur vie à fond.” Et ce que l’on peut en dire c’est que c’est une excellente description des coureurs de JeCoursPourLaCulture. Ici, pas de trophées, pas de dossards, pas de chrono. On court pour une cause : la culture accessible à tous et partout. “Je n’ai pas vu des compétiteurs, il n’ y a rien à prouver aux autres, c’est seulement de la bienveillance et de l’entraide, ce qui fait que tout le monde peut amener sa pierre à l’édifice pour 1 km,10 km ou 900 km. Cette aventure m’a appris que l’on n’est jamais seul dans la course.” C’est une vraie leçon de vie que nous enseigne Gauthier : la force du groupe et l’importance de chaque individu.

Ce qui est particulièrement difficile dans le projet JCPLC, c’est de faire comprendre le lien entre le sport et la musique. Parce que finalement, la plupart des personnes que l’on rencontre nous disent : “Mais pourquoi vous n’organisez pas juste une course ? Ou alors juste un concert ? Et si vous voulez de l’itinérance faites une tournée !”

En réalité, quand on le vit de l’intérieur, on se rend compte… On sait que rien ne serait pareil si l’on retirait une dimension à ce projet. Le sport amène la musique classique aux populations qui n’y auraient pas accès autrement… Les villages retirés où il y a trop peu de public pour faire venir un musicien, les petites communes qui n’ont pas les ressources humaines pour organiser à la fois la venue de musiciens reconnus par leur milieu et les ressources de communication autour de l’événement, les plus grosses villes qui peinent à renouveler leurs jeunes spectateurs. JeCoursPourLaCulture est dans ces cas là, l’événement parfait pour réunir les artistes et un public hétéroclite inédit.

Car il ne faut pas se mentir, le monde de la musique et celui du sport sont à l’opposé extrême. Et pourtant… JeCoursPourLaCulture est le seul événement capable de faire se rencontrer deux mondes qui n’auraient jamais dû se croiser. Deux mondes qui, en fin de compte, sont incroyablement ouverts à la découverte de l’autre.

 

Notre chance, ici, au Portugal, aura finalement été de partager des valeurs extrêmement fortes avec les collectivités locales : l’importance du lien social, le respect des traditions et le partage des cultures. Cristina nous confie avec émotion “Comme j’étais sur place, j’ai pu aller voir Joao, la déléguée à la culture. Parfois, le contact direct avec les gens est nécessaire et primordial. Chez les portugais, le contact humain est très important ! Ils s’attachent avant tout à une personne avant de s’impliquer dans un projet en lui-même.” Elle poursuit, attendrie, en se remémorant les mois précédents “A Coimbra, mon mail s’est perdu dans la nature, mais au détour de conversations, j’ai toujours réussi à trouver de potentiels contacts d’entrée. Je me suis pris 7 refus, mais je n’ai rien lâché. Et au final ils ont réussi à comprendre l’intérêt pour eux d’accueillir JCPLC. Et ils ont adoré, à tel point qu’ils souhaitent re-accueillir un concert très rapidement !”

Son mot à Gauthier

Si Cristina devait laisser un mot à Gauthier, elle lui dirait avec toute l’affection qu’elle lui porte “continue cette aventure folle et magique”. Un cri du cœur pour que cette aventure puisse accompagner encore plus de monde, en quête de foi en l’humain.